La campagne glyphosate a été lancée il y a maintenant plus d’un an et demi par le collectif de faucheurs volontaires de Foix. depuis près de 6.000 analyses ont été réalisées. Plus de 3.000 plaintes ont été déposées et plus de 2.000 autres sont en cours.
Le collectif s’attendait évidemment à des attaques et contestations en tous genres qui n’ont pas manqué de venir. Il a pu leur être reproché d’analyser la lessive et non le glyphosate, d’avoir choisi un laboratoire étranger, d’avoir utilisé une mauvaise méthode d’analyse et toutes contestations imaginables.
Heureusement le collectif a mis en place un protocole drastique de prélèvements sous contrôle d’huissier, validé par le laboratoire. Le choix a porté sur la méthode d’analyse la plus fine avec le meilleur taux de détection (à partir de 0,075 μg/l), et la moins onéreuse. (rappelons que ces analyses sont payés par les volontaires, il n’y a aucune prise en charge par les pouvoirs publics. Les citoyens sont contraints de pallier les carences de l’Etat.
Le résultat est sans appel, plus de 99% des personnes testées sont exposées à cette molécule cancérigène probable.
La molécule glyphosate n’est qu’un indicateur, rappelons que selon certaines études scientifiques les produits dans leurs formulations complètes telles que commercialisées sont jusqu’à mille fois plus toxiques que la seule molécule glyphosate. Il en est probablement de même pour nombre de pesticides.
Rappelons également que l’arrêt de la Cour de justice de l’union européenne du 1er octobre 2019 vient de préciser que la toxicité et la carcinogénicité des pesticides devait être évaluée tant sur les molécules « principes actifs » que sur les produits dans leur formulation complète, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
La campagne glyphosate démontre clairement aujourd’hui que nos organismes sont imprégnés par des molécules classées cancérigènes probables. L’analyse sur les formulations complètes n’a pas été réalisée. Le risque est donc très nettement sous-évalué voir non-évalué.
C’est effectivement gênant…
Les attaques se multiplient donc et certains agriculteurs (FNSEA) souhaitant poursuivre l’usage de pesticides ont réalisé des analyse selon une autre méthode et trouvent – oh surprise – zéro contaminations…
Le groupe scientifique de l’association campagne glyphosate répond aujourd’hui par un communiqué de presse instructif expliquant que sur plusieurs dizaines de campagnes d’analyses d’ampleur réalisées en Europe ou aux Etats Unis cités dans le communiqué, aucune n’a conclu à un taux de 0% d’imprégnation au glyphosate. Les taux relevés sont généralement compris entre 30% et 70%. Le collectif cite par exemple une étude européenne de 2013 sur 18 payse faisant état d’une imprégnation de 43,9% des personnes testées, ou d’une étude de 2015 en Allemagne faisant état de 63% de personnes touchées.
Communiqué de la campagne glyphosate : Avis de recherche
Seule l’analyse partiale contestataire des agriculteurs de la FNSEA visant à remettre en cause la campagne glyphosate fait état de 0% de contamination sur un nombre de personnes très faible sans indication des protocoles suivis ou de leur validation, sans contrôle d’huissier. Ces contestations sont pour le moins discutables.
L’association campagne glyphosate dans son communiqué maintien donc bien évidemment ses demandes de prise en compte du principe de précaution.
J’ajouterai qu’il est impératif que les pouvoirs publics tiennent compte de l’arrêt que nous avons obtenu de la CJUE du 1er octobre 2019, et qu’une véritable analyse de toxicité à long terme des formulations complètes de pesticides tels que mis sur le marché soient mise en oeuvre.
Me Guillaume TUMERELLE, avocat
45 Boulevard Marre-Desmarais
26200 Montélimar (Drôme)
Droit rural, droit de l’environnement